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Mieux se connaître pour mieux se comprendre

Le maire de Caraquet, Antoine Landry, est un Acadien fier de ses origines et de sa langue tout en étant très ouvert aux autres cultures. Portrait d’un homme qui privilégie le dialogue.

Antoine Landry croit beaucoup à l’importance du dialogue et pour cause. Son ancêtre, Alexie Landry – un des fondateurs de Caraquet – en a grandement tiré profit. « Il était un des rares Acadiens bilingues, raconte Antoine Landry. Ce sont des soldats anglais avec qui il faisait commerce qui l’ont mis au courant de la stratégie de Lawrence de déporter les Acadiens. Il a ainsi pu y échapper. Ça lui a pris deux ans pour se rendre à Caraquet. N’eût été des Mic-Macs, il aurait péri dans la forêt. »

Au fil des ans, Antoine Landry a toujours cherché à promouvoir un dialogue respectueux entre les deux communautés linguistiques de la province. Très actif au sein du programme Ambassadeur de l’organisation Dialogue Nouveau-Brunswick, l’homme est à l’origine d’échanges entre les villes de Caraquet et de Saint John. Il croit que ces rencontres ont permis de corriger certaines perceptions. « Des représentants de la ville de Saint John craignaient qu’on ne puisse leur parler dans leur langue, précise-t-il. Nous avons bien sûr eu des cérémonies bilingues. Ces gens ne voient plus la Péninsule acadienne de la même façon. »

Pour le maire de Caraquet, l’adoption de la première loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick en 1969 a grandement contribué à la vitalité de la langue française. « C’est un pas de géant que nous avons fait », déclare-t-il. À l’époque, Antoine Landry était greffier de la ville de Caraquet. « Pour la première fois, nous allions pouvoir nous adresser au gouvernement en français. » 

Quelques années auparavant, l’homme était chef de police de la ville. Il souligne que l’usage exclusif de l’anglais posait d’importants problèmes. « Quand j’allais en cour, il fallait que je m’exprime entièrement en anglais; il fallait que je rédige tous mes documents dans cette langue. Pour nous, cela représentait un handicap, car une mauvaise traduction de points techniques nous faisait souvent perdre des causes. »

Aujourd’hui, Antoine Landry consacre beaucoup d’effort à accroître l’immigration dans sa ville.

« Notre taux de natalité est bas. Voilà pourquoi, depuis deux ans, nous travaillons très fort sur le dossier de l’immigration. » Le maire de Caraquet souligne qu’il se fait un devoir de connaître les origines des gens qui immigrent dans sa ville. À cet égard, il croit que la richesse des peuples, c’est de connaître plusieurs cultures. « Il y a un proverbe africain qui dit qu’un peuple sans culture est comme un zèbre sans rayures. »

Et il ajoute : « Enlevez les rayures sur un zèbre et c’est un âne. »

Antoine Landry rappelle que la vitalité de la langue française est un combat quotidien. Il note d’ailleurs que les francophones ont souvent tendance à passer à l’anglais alors que cela n’est pas nécessaire.

« Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’anglophones qui parlent français qu’on ne le pense. Et quand on s’exprime en français, ils nous répondent en français », précise le maire de Caraquet. Pour Antoine Landry, l’harmonie entre les deux communautés linguistiques repose sur un dialogue. « Nous sommes la seule province officiellement bilingue. Il faut faire des efforts des deux côtés. »