Galerie de réussites
Les Jeux d’hiver du Canada Bathurst-Cambellton 2003, un modèle de collaboration linguistique
En plus de représenter un tour de force logistique, les Jeux d’hiver du Canada 2003, événement sportif parmi les plus réussis dans l’histoire du nord du Nouveau-Brunswick, ont fait preuve d’une coopération linguistique, ethnique et culturelle exemplaire.
Aujourd’hui, cette époque ressemble un peu à un âge d’or pour Lyne Raymond, avocate dans l’étude juridique Humphrey Matchin & Raymond, de Campbellton, qui était vice-présidente aux langues officielles pour les Jeux. « Je crois réellement que nous avons établi une nouvelle norme de compréhension mutuelle », avance-t-elle.
Des années avant que la rafale sportive balaie la région de Bathurst à Campbellton, la Société hôtesse et son conseil de 18 administrateurs, issus de toutes les couches de la société, avaient décidé que les Jeux seraient entièrement bilingues. Elle raconte : « Nous avons pris cette décision très délibérément, au tout début des travaux. Nous avions trois anglophones unilingues parmi les membres du conseil, mais ce sont eux qui ont le plus appuyé l’égalité complète des deux langues. »
Et quand elle parle d’« égalité complète », ce n’est pas pour rire. « La Société hôtesse s’est distinguée par le fait que tout son fonctionnement interne s’est déroulé dans les deux langues officielles », explique-t-elle. « Nous n’étions pas seulement « officiellement » bilingue, mais bilingue en tout et partout, dans nos réunions de planification, nos séances de stratégie, nos conversations informelles. Nous n’avons jamais fait appel à un traducteur ou à un interprète durant nos rencontres. »
Les politiques découlant de cette volonté de bilinguisme ont touché l’ensemble des 100 employés et des 6 000 bénévoles qui assuraient le quotidien des Jeux, des travailleurs à l’accueil aux valets de stationnement. « Nous avons pensé stratégiquement dans l’assignation des tâches aux bénévoles. Ceux et celles qui devaient parler au public tout le temps, par exemple les valets de stationnement, avaient réellement besoin de savoir communiquer parfaitement en français comme en anglais. »
Dans sa revue annuelle, le Commissaire fédéral aux langues officielles n’a pu que louanger ces efforts : « Le comité organisateur a instauré des mesures efficaces et parfois ingénieuses pour assurer que nos deux langues officielles bénéficiaient d’un traitement égal durant cet événement : on a pris soin d’utiliser les deux langues officielles dès les premières étapes de planification des jeux; on a recruté une forte proportion (70 %) de personnes bilingues comme bénévoles et on a chaque jour déployé une « patrouille linguistique » sur les lieux des compétitions pour s’assurer que les services destinés aux athlètes et aux spectateurs étaient offerts en français et en anglais. »
Ainsi que l’a consigné le commissaire, « il s’agissait là d’un défi majeur puisque les deux villes hôtesses étaient à 100 kilomètres l’une de l’autre. Malgré cela, les quelques problèmes qui se sont posés ont eu le temps d’être réglés avant le début des compétitions. Le bilinguisme a connu l’une de ses plus belles heures dans l’histoire canadienne lors de ces 10e Jeux d’hiver. »
La tâche a été difficile pour Lyne Raymond et ses collègues – dont le Dr Dennis Furlong, à l’époque député provincial pour Dalhousie/Restigouche-Est et les maires de Campbellton et Bathurst, Mark Ramsay et Stephen Brunet, respectivement – mais elle leur a apporté beaucoup de satisfaction aussi.
« Un petit moment, nous nous sommes même demandé si nous avions vraiment besoin d’une désignation officielle bilingue », explique Raymond. « Pour nous qui venons de ce coin de pays, tout cela nous semblait aller de soi. Nous nous échangions dans les deux langues. Tout le monde se sentait à l’aise. En un sens nous nous trouvions déjà dans la situation dont tout le monde parle quand il s’agit de relations entre francophones et anglophones. »
On peut donc dire qu’un modèle d’harmonie linguistique n’a pas besoin de fanfaronade, de vantardise ni de motivation politique. Tout ce qu’il faut c’est que le modèle opère, comme il l’a si magnifiquement fait pour la Société hôtesse des Jeux d’hiver du Canada Bathurst-Cambellton 2003.
Cet article est protégé par le droit de reproduction (2007) de Dialogue New/Nouveau-Brunswick, qui fait la promotion de la compréhension, de l’appréciation et du respect mutuels entre Néo-Brunswickois anglophones et francophones.