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Visa d’entrée : les langues

Les parents de Christie Dennison l’ont inscrite au programme d’immersion en français, car ils voulaient lui donner les meilleures chances de réussite dans une province bilingue. Mission accomplie. Aujourd’hui, Christie Dennison tire profit de sa maîtrise des deux langues officielles pour gérer des projets de développement international aux quatre coins du monde. Portrait d’une réussite de l’immersion en français au Nouveau-Brunswick.

Lorsqu’on l’interroge sur les défis d’apprendre une deuxième langue dès les premières années d’école, Christie Dennison n’en voit aucun. « Pour moi, c’était quelque chose qui présentait des atouts », déclare la jeune femme originaire de Fredericton. « Cela faisait partie de l’apprentissage. » Tout son parcours scolaire se fait en immersion, d’abord à l’école St. Dunstan, puis à la George Street Junior High School et enfin à la Fredericton High School. Elle se sentait donc d’attaque pour poursuivre ses études en français et en anglais à l’Université d’Ottawa, une université bilingue.

La forte présence des deux communautés linguistiques à cette université et sa participation au Programme de pages de la Chambre des communes aiguisent l’intérêt de Christie pour la francophonie canadienne. Elle rencontre des francophones de partout au Canada et se lie d’amitié avec plusieurs d’entre eux. À l’Université d’Ottawa, Christie étudie les sciences politiques et apprend l’espagnol. Son baccalauréat en main, la jeune femme part pour la Grande-Bretagne où elle obtient une maîtrise dans la résolution de conflits et les études de la paix. Elle est maintenant prête à parcourir le monde.

« J’ai fait quelques stages, puis j’ai eu l’occasion de travailler pour le programme de développement des Nations Unies en Ouzbékistan, en Asie centrale, poursuit-elle. C’était mon premier emploi dans un autre pays et c’était fantastique; j’ai tellement appris. »

Son travail en tant que conseillère en genre et développement était principalement de participer à des comités internationaux qui orientaient et appuyaient des organisations locales ouzbeks pour promouvoir les droits économiques et sociaux des femmes.

À la fin de ce premier contrat, Christie se lance à la recherche d’un nouveau poste. Elle trouve l’emploi idéal, mais celui-ci est au Sénégal, un pays francophone. Christie savait que ses compétences et ses expériences de travail faisaient d’elle une candidate idéale. Cependant, elle n’avait jamais travaillé uniquement en français. Qu’à cela ne tienne, Christie postule. « Ils m’ont offert le poste. Je suis partie au Sénégal pendant un an. Ce fut une expérience d’immersion complète. » Dans ce pays, Christie travaille avec des groupes de femmes afin de les aider à commercialiser leurs produits sur les marchés locaux. La jeune femme a vraiment l’impression que cette expérience lui a permis d’améliorer beaucoup son français. « Communiquer efficacement dans un milieu culturel différent nous oblige à nuancer notre langage physique et oral, précise Christie. Je communiquais principalement avec mes collègues sénégalaises en français, car c’était notre seule langue commune avant que j’apprenne un peu de wolof. Elles venaient de différentes ethnies et, comme moi, avaient appris le français à l’école. Une volonté de collaborer sur des projets de développement humain nous a motivées à surmonter nos différences culturelles et linguistiques. »

Alors qu’elle se trouve à l’étranger, Christie découvre qu’un consortium oeuvrant dans le développement international, SavoirSphère Canada – LearnSphere Canada, a ses bureaux dans sa ville natale. Elle entre en contact avec l’organisme. Entre-temps, elle quitte le continent africain pour se rendre à Haïti où elle travaille pendant quelques mois pour les Nations Unies. Finalement, en 2006, Christie rentre au pays. Ses démarches auprès de SavoirSphère portent leurs fruits : l’organisme l’embauche.

À titre de gestionnaire de projets, Christie travaille maintenant sur des projets de développement international qui font appel à l’expertise d’entreprises et d’organismes de formation néo-brunswickois. Il va de soi que sa maîtrise du français constitue un atout indéniable. « Deux de nos plus gros projets au plan international sont au Cameroun et ce sont des projets francophones », ajoute-t-elle.

Christie Dennison estime que ses expériences d’immersion, en particulier au Sénégal, lui ont permis de mieux comprendre la réalité des francophones qui vivent en milieu minoritaire au Nouveau-Brunswick. « Ce n’est pas évident de vivre et de travailler dans une langue autre que sa langue maternelle, déclare-t-elle. Même après avoir atteint un niveau de compétence dans l’autre langue, il y a quand même des barrières. »

Bien que son emploi actuel lui permette de voyager à l’occasion, Christie aimerait un jour retourner travailler à l’étranger. Elle dispose déjà du meilleur visa d’entrée : la maîtrise de plusieurs langues.