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Ma place est ici!

On a peine à croire que Khalid Badrezzamane a quitté Casablanca et son doux climat pour le Canada. Mais cet enseignant de français ne s’en plaint pas. Il vante d’ailleurs la chaleur des Néo-Brunswickois. Portrait d’un homme venu au Nouveau-Brunswick pour y apprendre l’anglais et qui a choisi d’y demeurer.

Lorsqu’il arrive à Montréal en mars 2002, Khalid Badrezzamane constate rapidement que ses chances de trouver un emploi sont minces sans un diplôme d’études canadien. Il s’inscrit donc au programme de baccalauréat de l’école des Hautes études commerciales. C’est là qu’il apprend qu’on recrute des moniteurs de langue seconde – une occasion de travailler tout en apprenant l’anglais, se dit-il. « Il était important pour moi d’apprendre l’anglais afin d’améliorer mes chances de décrocher un bon emploi, explique-t-il. Et aussi parce que l’anglais est une langue très importante non seulement au Canada, mais dans le monde entier. » On accepte sa candidature et on lui demande où il aimerait travailler. « J’ai demandé une petite place où les gens parlent anglais », poursuit-il. C’est ainsi que ce Marocain d’origine arrive à St. Stephen au Nouveau-Brunswick en octobre 2004. Là, il aidera les élèves à apprendre le français tout en apprenant l’anglais.

Khalid Badrezzamane n’avait pas prévu demeurer au Nouveau-Brunswick. En fait, il devait y passer une année pour apprendre l’anglais puis retourner dans la métropole québécoise. La chaleur des gens du Nouveau-Brunswick le marque. « J’ai reçu cinq invitations à des activités sociales au cours de mon premier mois à St. Stephen », raconte-t-il encore surpris. « Je n’ai jamais pensé que je pouvais vivre dans une autre ville que Montréal. Mais après avoir rencontré les gens d’ici et réalisé les occasions qui m’étaient données au plan personnel et professionnel, je me suis dit : ma place est au Nouveau-Brunswick. »

Après deux ans à l’école de St. Stephen, Khalid accepte un poste à temps partiel d’évaluateur des compétences linguistiques, poste qui l’amène à voyager dans toute la province. Il garde d’ailleurs un souvenir impérissable de ses premières expériences de conduite automobile dans la neige… Puis, une école privée l’embauche et il part enseigner le français à Woodstock. Là, il fait d’importants progrès en anglais. Mais après deux ans dans cette ville, le français lui manque. Il demande et obtient une mutation à Moncton. Depuis 2008, Khalid enseigne le français dans une école privée de Moncton ainsi qu’à l’Association multiculturelle du Grand Moncton. « Ici à Moncton, je peux parler en français, je peux parler en anglais », raconte-t-il.

La langue maternelle de Khalid est l’arabe; le français est en quelque sorte sa deuxième langue maternelle. Il explique que le français est une langue très importante au Maroc, notamment dans le secteur privé. « Si vous ne parlez pas la langue française, il ne faut pas espérer trouver un bon travail dans une société privée », précise-t-il. Il ajoute avoir été surpris par les variations dans le français parlé au Nouveau-Brunswick et au Québec. Il souligne toutefois que de pareilles variations existent au sein de la langue arabe.

Aujourd’hui, Khalid Badrezzamane s’exprime aisément en anglais, sa troisième langue. Mais il reste très attaché au français. « Je la considère comme ma langue même si c’est ma deuxième langue. » Il est conscient des défis auxquels le français est confronté, mais il a confiance. Il estime qu’il faut cultiver la fierté pour la langue française et s’efforcer de bien la parler. Il croit aussi que les communautés francophones de tout le pays doivent collaborer davantage pour faire rayonner cette langue partout au Canada. « La langue, c’est mon identité, c’est ma fierté. »