Une question de respect
Larry Nelson habite à Moncton depuis toujours. Il a donc vu évoluer les deux communautés linguistiques de cette ville. Et, au cours des années, il a aidé à bâtir des ponts entre celles-ci. Pour cet homme d’affaires et citoyen engagé, le fait de servir une personne dans la langue de son choix est une simple question de respect.
Larry Nelson a grandi entouré de jeunes issus des deux communautés linguistiques. « La moitié de mes amis était francophone, l’autre, anglophone », explique-t-il. À l’époque, il se demandait pourquoi certains enfants « Français », comme on les appelait à l’époque, parlaient rarement leur propre langue devant lui. « Je ne savais pas qu’ils se faisaient dire, le soir, à la maison, que les “Anglais” n’aimaient pas les entendre parler le français », confie-t-il. L’homme croit que les choses ont beaucoup changé depuis. « Un grand nombre de mes amis les plus proches sont francophones, et, lorsque nous sommes ensemble, ils parlent en français parce qu’ils se sentent à l’aise de le faire et savent que cela ne m’importune pas, affirme-t-il. Je sais qu’ils me parleront dans ma langue au besoin. »
Larry est un grand défenseur de l’enseignement du français comme langue seconde. « Le Nouveau- Brunswick est la seule province bilingue au pays, et Moncton est une ville bilingue, alors pourquoi ne pas apprendre le français? », se demande cet homme d’affaires bien connu. « Une des choses dont je suis le plus fier, c’est que mon fils a obtenu son agrément à titre de comptable, d’autant plus qu’il a fait son stage dans un cabinet francophone. Cela [le bilinguisme] ouvre tellement de portes. Parler les deux langues procure des avantages dont tous devraient pouvoir bénéficier. »
Dans sa jeunesse, Larry aurait bien voulu faire partie des Aigles Bleus, l’équipe de hockey de l’Université de Moncton. Or, cette possibilité ne s’est jamais offerte à lui, car il a commencé à travailler dès la fin de ses études secondaires. Reconnaissant toutefois la contribution de cette université francophone à la ville de Moncton, Larry appuie grandement la campagne de financement de l’institution. « Il n’y a pas de meilleur endroit que Moncton, et c’est grâce à l’université », déclare-t-il. L’homme d’affaires admet qu’au début, quelques personnes lui ont posé des questions sur sa participation aux activités de cet établissement. Sa réponse était simple : « Je n’ai pas de temps à perdre avec de telles questions. »
À titre de président du Groupe Lounsbury Group, Larry veille à ce que les membres du personnel de première ligne de cette entreprise soient bilingues. « Si l’on veut servir une communauté, il faut pouvoir la servir dans sa langue », explique-t-il. Il convient de signaler que sur le magasin de meubles Lounsbury du chemin Mountain, l’affichage est dans les deux langues. « C’est par respect pour le fait que Moncton est une ville bilingue », fait remarquer Larry.
Larry Nelson est aussi connu pour son grand esprit de collaboration. Il y a quelques années, lorsqu’on lui a demandé d’assurer la présidence de la Friends of the Moncton Hospital Foundation, il a annoncé au conseil d’administration que son premier projet serait d’entreprendre une campagne avec la Fondation Hôpital Dr-Georges-L.-Dumont. On lui a répondu que les deux fondations organisaient chacune leurs propres activités, mais cela ne l’a pas empêché d’en parler à son homologue. Les deux fondations ayant constaté les avantages de travailler ensemble, le loto Main dans la Main – Hand in Hand a été lancé.
Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de l’application de la Loi sur les langues officielles et des politiques linguistiques, Larry répond tout simplement que « lorsqu’on a une politique, il faut la mettre en application. Si les employés de la réception sont censés être bilingues, alors ne permettez pas à des personnes unilingues d’y travailler. Répondre “je ne parle pas le français” à un client, ce n’est pas acceptable. » Selon lui, le traitement équitable des deux communautés linguistiques repose sur un principe clé, celui du respect. « Cela fonctionne dans les deux sens : c’est en étant respectueux que l’on gagne le respect des autres », affirme Larry Nelson.