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Perpétuer l’héritage

La caporale Sandra Christopher travaille au Contrôle de la sincérité de la Gendarmerie royale du Canada. Ses outils de travail sont le détecteur de mensonges (polygraphe) et la parole. Quand on lui parle des langues officielles, on sent chez elle une grande sincérité.

Sandra Christopher a grandi à Riverview dans une famille où l’anglais prédominait. « J’entendais parfois ma mère parler français, mais ça ne faisait pas partie de notre vie quotidienne », raconte-t-elle. Toutefois, ses parents décident de l’inscrire au programme d’immersion, puis à l’école francophone. « Avec l’âge, j’apprécie davantage le cadeau que mes parents m’ont donné de m’envoyer à l’école française », raconte Sandra.

Le parcours de Sandra est peu banal. Après des études en littérature anglaise, elle obtient un baccalauréat en éducation. Elle enseigne durant quelques années au sein du programme d’immersion en français. Puis, elle décide de joindre les rangs de la Gendarmerie royale du Canada. Très tôt au cours de sa nouvelle carrière, la jeune policière est mutée au Nouveau- Brunswick. Sandra se rappelle bien le regard étonné des automobilistes qui, après avoir noté le nom Christopher sur son insigne, demandaient un service en français et l’obtenaient sans délai. « J’étais toujours heureuse de parler en français à des automobilistes », mentionne-t-elle.

Après avoir été enquêtrice et analyste de renseignements, la jeune policière est passée au Contrôle de la sincérité.

Son travail consiste à faire passer des tests de polygraphe. « Le résultat du test n’est pas destiné à être présenté à un tribunal, précise-t-elle. Il permet cependant d’orienter une enquête et d’éliminer des suspects. » Fait à noter, la policière fait passer ces tests en anglais et en français, ce qui nécessite une très bonne maîtrise des deux langues et une bonne dose de concentration. « Je dois réagir à ce qu’une personne me dit, raconte-t-elle.

Il faut être capable de penser et de s’exprimer rapidement. » La policière se rappelle très bien ses premiers tests en français. « J’étais épuisée, mais très satisfaite. »

Pour maintenir une bonne maîtrise de son français, Sandra Christopher utilise divers moyens. « Je parle à mes enfants en français. J’écoute la radio en français; j’essaie de lire dans cette langue. Cela m’aide beaucoup avec mon vocabulaire. Au travail, j’essaie d’écrire mes rapports en français. Cela n’est pas toujours facile, mais je fais l’effort. »

Lorsque le temps est venu d’inscrire leurs enfants à l’école, Sandra et son conjoint ont opté pour l’école française. En plus de vouloir donner à leurs enfants les avantages de parler les deux langues officielles, ils voulaient aussi transmettre un héritage qui s’était déjà beaucoup perdu dans leurs familles respectives.

« J’ai plein de cousins et de cousines, des Leblanc, des Landry qui ne sont pas capables de parler le français. »

Sandra se rend compte que le geste d’envoyer ses enfants à l’école française fait d’eux des ayants droit, c’est-à-dire des personnes qui pourront plus tard se prévaloir du droit d’envoyer leur propre enfant à l’école française. « Nous voulons perpétuer l’héritage », conclut-elle.